Le chat

Si les rives du Nil sont toujours considérées comme le berceau de nos chats domestiques (Felis sylvestris), Chypre a récemment livré quelques très anciens témoignages sur la présence de chat dès le début du néolithique, qui antidatent de 5000 ans la domestication de notre félin favori.

Ainsi dès la fin du IXe millénaire avant notre ère, trouve-t-on une première représentation de chat. Sur le site de Skillourokambos (près de Limassol), les archéologues ont mis au jour une tête sculptée dans un bloc de pierre locale, caractérisée par une face comportant plusieurs détails anatomiques en relief : sourcils, yeux, nez. Les oreilles dressées confèrent à cette sculpture son aspect si particulier de représentation mi-humaine, mi-féline. Elle repose sur un cou massif, peu élaboré. La pièce devait être insérée dans un mur, et seule la face devait être visible. Le contexte archéologique dont elle provient contenait des charbons de bois datés de 8100 avant J.-C. Il s’agit donc là de la première représentation de chat connue dans l’espace méditerranéen. Le problème est qu’il n’existe pas de félidé dans la faune fossile de Chypre, à une époque aussi haute. Le professeur J. Guilaine pense que l’animal représenté évoque des données transmises à partir des cultures continentales, très probablement l’Égypte.

Le chat apparaît à Chypre au début du Néolithique, probablement venu d’Égypte : il fut probablement transféré du continent à l’île. Une tombe de Skillourokambos datée du VIIIe millénaire contenait les restes d’un homme d’environ trente ans, entouré d’une hache et d’amulettes et de « son » chat, disposé dans une petite fosse, face à lui. Le procédé d’enfouissement (l’animal est posé dans une petite dépression) montre qu’il a été inhumé en tant qu’individu, en même temps que l’homme. Non seulement cette découverte antidate donc de plus de 5000 ans la date de la domestication du chat, que l’on situait en Égypte vers 3000 avant J.-C., mais elle montre que dès cette époque le chat est plus qu’un animal domestique : c’est un animal de compagnie. Cette domestication remonte aussi haut que l’agriculture, le stockage des denrées et leur nécessaire protection contre les rongeurs : peut-être cette domestication s’est-elle d’ailleurs réalisée en essayant d’attirer les chats dans les zones d’habitat.

Plus près de nous, au début du VIe siècle avant notre ère, la chape de plâtre coulée sous le dallage des réserves du Palais d’Amathonte a laissé apparaître des traces de pattes de chat : les chats d’hier comme ceux d’aujourd’hui devaient apprécier le contact de l’enduit frais sous leur pattes !

Fouille de Shillourokambos : restes osseux d’un homme à côté d’un chat.
Reconstitution de cet ensemble.

Le renard