Faisons un saut dans le temps et partons à la découverte des habitants de la villa ! Là où vous vous tenez, dans le pavillon, vous apercevez une femme qui se prélasse tout en savourant quelques fruits. Elle porte des vêtements de couleurs vives et plusieurs bijoux ; il s’agit probablement de la matrone, l’épouse du propriétaire. Au loin, dans le jardin, un homme se promène ; c’est le dominus, le maître des lieux, qui vous a invité à visiter sa villa. Il porte la toge comme les riches citoyens romains et doit peut-être même jouer un rôle politique dans la région.
À ce moment, deux jeunes enfants arrivent en courant et en criant dans le pavillon, poursuivis par leur précepteur. Quels sacrés garnements ces deux-là ! Ce sont les deux jeunes enfants du dominus qui ne veulent pas apprendre leur latin et préfèrent jouer des tours à leur maître, un ancien esclave grec affranchi par la famille. Il reste toutefois dans la villa pour s’occuper de l’éducation des jeunes enfants. Mais quelle erreur, il le regrette déjà ! Il n’est d’ailleurs pas le seul affranchi à continuer de travailler pour les propriétaires. D’autres continuent d’y exercer toutes sortes d’activités ou d’artisanats.
Attention, une jeune femme entre avec un plateau. Il ne faut surtout pas la bousculer ! Elle apporte des rafraîchissements à la matrone. Avec ses vêtements en lin, elle doit probablement être l’une des nombreuses esclaves qui travaillent dans cette demeure. Ce sont eux qui s’occupent notamment de la cuisine, du ménage et de plein d’autres activités liées à l’entretien de la villa. Ils sont également au service de leurs maîtres pour les habiller, les maquiller et les coiffer !
Une société bien hiérarchisée
Vous avez été étonnés de voir une vraie hiérarchie au sein de la villa de Pully, notamment entre les esclaves et le propriétaire et sa famille. Cette hiérarchie est encore plus marquée dans la société romaine. En effet, la société de nos ancêtres les Romains à une structure pyramidale, au sommet de laquelle se trouve l’homme le plus puissant : l’empereur ! Juste en dessous de l’empereur se trouvent les citoyens romains aristocratiques ou du moins issus de la bourgeoisie que l’on appelle les patriciens, en charges des fonctions religieuses, politiques et militaires. Le propriétaire de la villa fait probablement partie de cette classe, tout comme les sénateurs et les magistrats romains. Viennent ensuite les plébéiens, qui représentent la majorité des Romains libres. Ils sont paysans, commerçants, artisans ou ouvriers, ne disposent généralement pas d’une grande fortune mais peuvent tout de même espérer faire carrière politique s’ils ont suffisamment d’argent ! En dessous des plébéiens, nous retrouvons les étrangers que l’on appelle les pérégrins. Bien que ces derniers soient libres, ils ne peuvent pas prendre part à la vie politique de la cité tant qu’ils n’ont pas obtenu le statut juridique de citoyen romain, par exemple en servant dans l’armée romaine deux ans ou suite à un édit impérial. Sur l’avant-dernier étage de la pyramide, il y a les affranchis, d’anciens esclaves qui ont reçu la liberté de la part de leur maître, ils sont désormais des citoyens libres qui ont le droit de vote mais qui ne peuvent ni être élus magistrats ni servir dans l’armée romaine. Certains affranchis pouvaient devenir très riches, bien qu’ils continuaient à avoir certaines obligations envers leur ancien maître, qui les intègre à sa « famille » au sens large en lui donnant son nom de famille (cognomen). Tout au bas de la pyramide se trouvent les esclaves, qui sont la propriété de leur(s) maître(s) et qui n’ont absolument aucun droit, sinon celui d’obéir. Ces maîtres ont le droit de vie ou de mort sur leurs esclaves mais il ne faut pas forcément imaginer qu’ils étaient tous maltraités ; pour qu’un esclave soit efficace, il faut en prendre soin !
Cette hiérarchie se retrouve dans la demeure de Paulus, le dominus de la villa de Pully.