Sūra

Femme du Néolithique, vers 3’800 av. J.-C.

Lecture à voix haute

« Mon clan s’est établi ici il y a quelques années car le climat de la région nous permet de cultiver plusieurs céréales et d’élever des chèvres, des moutons et des bœufs. Nous avons aussi développé des outils devenus indispensables, comme cette hache en pierre polie ou les vases en terre cuite, qui permettent de cuire et conserver la nourriture. Ce que je préfère, c’est chasser ! Cette région est un véritable terrain de jeu et j’attrape aisément les petits animaux. Pour le gros gibier, tout le monde participe. Mais ce n’est pas sans risques, mon cousin y a laissé la vie… Nous l’avons enterré hier, je lui ai fait don d’un collier en coquillages. »

Venue du Proche-Orient puis des côtes de la Méditerranée par les cols des Alpes, la révolution néolithique atteint la Suisse autour de 5’500 avant J.-C. : les populations se sédentarisent et pratiquent alors l’agriculture, la domestication et l’élevage. Les nomades se fixent sur des terres qu’ils cultivent et construisent des villages. Plusieurs de ces derniers ont été mis au jour sur le Plateau suisse.

À Pully, c’est une nécropole qui a été découverte, au lieu-dit Chamblandes. Dégagée dès 1880 et fouillée au début du 20e siècle, cette nécropole datant d’environ 4400-3700 av. J.-C. se compose de tombes dites à cistes, des coffres de pierre constitués de cinq dalles, dans lesquels les défunts étaient déposés en position fœtale sur le côté gauche. Le nom de Chamblandes passera d’ailleurs à la postérité dans la recherche archéologique, puisqu’il donne son nom à cette typologie bien précise de tombes. Dans la nécropole, certaines tombes accueillaient plusieurs défunts, tandis que d’autres étaient des sépultures d’enfants.

Albert Naef sur la fouille de Chamblandes - 1910
Figure 1.1 : L’archéologue Albert Naef sur la fouille du cimetière néolithique de Pully-Chamblandes en 1910.

Le mobilier et les restes animaux et végétaux exhumés sur les sites d’époque néolithique nous apprennent beaucoup sur la vie quotidienne de cette période. On invente de nouveaux outils, comme la pierre polie, on prélève les plantes sauvages pour les cultiver à grande échelle, on domestique des animaux pour en faire du bétail, on travaille le cuir et on produit de la céramique qui facilite la vie de tous les jours, notamment le stockage et la cuisson des aliments.

Pierres polies a-b
Figure 1.2 : Hache à talon pointu de type carnacéen et hache-marteau perforée en pierre polie du Néolithique moyen. Longueur de la hache : 19.4 cm. Vidy (Lausanne, VD).

 

Collier néolithique Pully
Figure 1.3 : Collier de perles en ailettes, cylindriques et discoïdes en marbre blanc, lignite, coquillages et graines de grémil bleu. Néolithique moyen, 4300-4000 av. J.-C. Longueur des perles discoïdes : environ 10 mm. Chamblandes (Pully, VD).

Le personnage de Sūra, chasseuse émérite, illustre le fait que les femmes de l’époque ne se contentaient pas uniquement des tâches domestiques. L’archéo-anthropologie (analyse des squelettes humains) et l’étude du matériel retrouvé dans les tombes a en effet montré que les femmes participaient aussi à la cueillette, à la fabrication d’outils, aux réalisations artistiques et bien sûr à la chasse.

Vers 2’200 av. J.-C., l’époque néolithique fait place à l’Âge du Bronze. Durant cette période, la métallurgie se développe et permet des avancées techniques encore plus importantes.