Propriétaire de la villa romaine, vers 130 après J.-C.
« Les ouvriers ont bien travaillé. Ma villa est entièrement réaménagée : elle est splendide ! On a creusé un bassin monumental dans la cour, refait la décoration intérieure et une partie des thermes. Mais c’est surtout le second pavillon d’été qui vaut le détour. Orienté en direction du soleil levant et construit sur deux étages, il offre à mes invités une vue imprenable sur le lac et les montagnes ! Et je ne parle même pas des magnifiques peintures murales et des mosaïques, qui m’ont coûté une véritable petite fortune ! Si avec tout ça je ne deviens pas le propriétaire le plus réputé au nord des Alpes… »
Découverte en 1971, la villa romaine de Pully est une vaste et luxueuse demeure rurale, à quelques kilomètres à peine de l’antique ville de Lousonna, proche de l’une des voies importantes reliant Rome et la Méditerranée au nord de l’Empire.
Elle est composée d’une partie résidentielle (pars urbana), véritable palais abritant la famille du propriétaire et ses esclaves, ainsi que d’une partie à vocation agricole (pars rustica).
À l’époque romaine, on trouve sur le Plateau suisse, entre les principales villes, de nombreuses propriétés rurales telles que celle de Pully. Les plus célèbres sont celles de Vallon, d’Orbe-Boscéaz, d’Yvonand, ou encore de Colombier.
C’est au début du Ier siècle de notre ère que la villa est édifiée. De cette période, nous connaissons une série d’espaces d’apparat ou utilitaires aménagés en terrasses, parmi lesquels un tout premier ensemble thermal ainsi qu’un pavillon en hémicycle ouvrant sur les jardins d’agrément du domaine.
Au IIe siècle, la villa, au sommet de sa splendeur, se monumentalise. D’importants travaux sont entrepris par les propriétaires. Un imposant bassin est aménagé dans la cour et plusieurs réaménagements ont lieu dans les zones d’habitation et dans la partie thermale. L’apport le plus important de cette période est sans doute la construction d’un second pavillon orienté au sud, avec vue sur le Léman et ses paysages, afin d’impressionner de prestigieux invités.
Cette salle de réception en extérieur est ornée, sur deux étages, de riches mosaïques aux décors typiques des ateliers de Vienne, en France, et d’une superbe peinture illustrant une course de char. Celle-ci, longue d’une quinzaine de mètres, est encore aujourd’hui l’une des plus longues fresques que l’on ait pu observer au nord des Alpes.
Au IIIe siècle, le plan général de la villa ne change que très peu. C’est en effet une époque troublée. Le domaine subit plusieurs incendies, probablement dus à la présence de populations germaniques sur le Plateau suisse, qui amènent à sa progressive détérioration.
Elle reste encore modestement habitée jusqu’à son abandon entre le IVe et le Ve siècle.
C’est peut-être un certain Pollius, riche propriétaire de la villa et de son domaine agricole, qui aurait donné son nom à ce qui deviendra plus tard Pully.